Pour une gestion durable des ressources marines
Par l'implication de tous les pêcheurs

Gestion du bar : proposition d’un quota d’un bar par jour de la Commission européenne !

Depuis quelque mois, et après des décennies d’inaction, les choses s’emballent autour de la gestion du bar. Après avoir organisé l’audition d’un chercheur de l’Ifremer spécialiste de la question du bar le 16 octobre (http://www.europarl.europa.eu/RegData/etudes/STUD/2014/529083/IPOL_STU(2014)529083_FR.pdf ), la Commission Européenne a délivré le 28 octobre un document intitulé "Proposition de RÈGLEMENT DU CONSEIL établissant, pour 2015, les possibilités de pêche pour certains stocks halieutiques (...)".

Il ne s’agit donc que de propositions de la Commission Européenne qui seront débattues en fin d’année lors de la réunion TAC et QUOTAS 2015 du conseil des ministres des pêches.

Dans ce document, se trouve notamment la proposition de réglementer dans la zone "NORD" (manche, mer du nord en gros) la pêche récréative du bar en fixant un quota de UN BAR PAR JOUR PAR PECHEUR.

 

Vous trouverez les informations dans le document de la proposition :

http://ec.europa.eu/fisheries/cfp/fishing_rules/tacs/info/com_2014_670_fr.pdf

 

En voici les principaux extraits qui concernent le bar :

« Une nouvelle série de mesures est proposée pour la protection du stock de bar dans l’Atlantique du Nord-Est. En juin 2014, le Conseil international pour l’exploration de la mer (CIEM) a rendu disponible un avis scientifique sur ce stock, qui s'appauvrit rapidement depuis 2012. En outre, le comité scientifique, technique et économique de la pêche (CSTEP) a estimé qu'en général, les mesures nationales en vigueur visant à protéger le bar se sont avérées inefficaces. Le bar est une espèce à croissance lente et à la maturité tardive dont la mortalité par pêche est actuellement quatre fois supérieure aux niveaux de rendement maximal durable (RMD). Compte tenu de la situation préoccupante de ce stock, qui pourrait être sur le point de s’effondrer, les possibilités de pêche sont proposées sous la forme de limitations de l’effort de pêche et des captures, qui devraient viser les principaux responsables de la mortalité par pêche, à savoir les chaluts pélagiques et la pêche récréative. Une nouvelle annexe II E, qui est jointe au règlement proposé, doit être complétée par des informations à demander aux États membres. »

(…)

« Article 12

Pêche récréative du bar

Pour la pêche récréative dans les divisions CIEM IV b, IV c, VII a, VII d, VII e, VII f, VII g et VII h, une limite de capture fixée à un bar par personne et par jour est applicable. »

 

Les fédérations de pêche de loisir ne devraient pas tarder à réagir.

 

 Une réaction de la FNPPSF est disponible ici : 

http://fnppsf.fr/derniere-minute/presse/BAR-PROPOSITION-DE-LA-COMMISSION-EUROPEENNE.pdf

 

Même le député européen Alain Cadec, président de la commission de la pêche du Parlement européen, a réagi contre cette mesure :

https://twitter.com/AlainCadec/status/527594499313500162

 

Vous pouvez également lire des informations complémentaires sur le blog de Nicolas Cadiou : http://24leurres.com/leurope-propose-un-quota-dun-bar-par-jour-et-par-pecheur/

Il relève notamment la délicate question des engins dormant tels que palangres et filets utilisés par la pêche de loisir.

 

Du côté des pêcheurs professionnels français, la commission bar du CNPMEM s’était réunie le lundi 20 octobre.

http://www.comite-peches.fr/wp-content/uploads/BXX-2015_Bar-Cadre-2015.pdf

Cette dernière a opté pour quatre mesures de gestion :

  • - Une augmentation de la taille minimale de capture du bar à 40 cm, pour tous les métiers pêchant le bar de manière ciblée ou non, et pour l’ensemble des zones concernées par cette espèce (Mer du Nord, Manche, Mer Celtique et Golfe de Gascogne).

  • - Un arrêt biologique d’un mois à prendre entre le 1er janvier et le 31 mars, pour les chalutiers pélagiques, les chalutiers de fond et les fileyeurs ciblant le bar

  • - Des limitations de capture par navire ou des seuils de prises accessoires (25 % maximum) de bar par marée pour les pêcheries accessoires : bolincheurs, senne danoise.

  • - La mise en place d’une licence européenne, l’AEP, Autorisation Européenne de Pêche, pour contingenter la flottille ciblant le bar.

 

Et que propose la Commission pour la pêche professionnelle ?

Comme on peut le lire dans le texte de la Commission, il s’agira donc de « limitations de l’effort de pêche et des captures, qui devraient viser les principaux responsables de la mortalité par pêche, à savoir les chaluts pélagiques ». Mais aucun détail n’est fourni.

Nous avons réussi à nous procurer le document annexe qui est censé nous renseigner sur les mesures proposées. Il ne s’agit en réalité que d’une ébauche…

On peut cependant y apprendre les éléments suivants (extrait) :

  • - N’est concernée que la zone VII E (De la pointe du Raz au cap de la Hague)

  • - Ne sont concernés que les chalutiers pélagiques ayant capturé XX T de bars entre le 1 janvier et le 30 avril

  • - Les bateaux concernés seront soumis à une limitation de XX jours de pêche entre le 1 janvier et le 30 avril

  • - Des antériorités de pêche sont requises sur la zone VII E entre 2009 et 2012

  • - Une limite de capture mensuelle sera instaurée

  • - Des transferts de possibilités de pêche seront possibles entre navires d’un même état membre

 

Comme on le constate, il n’y a pour l’instant aucune précision sur les limitations de captures et d’effort imposées.

On peut par ailleurs s’étonner de ce qu’un certain nombre de propositions de la part des professionnels français n’aient pas été repris :

  • - Taille minimale à 40 cm

  • - Limitations de captures pour les pêcheries accessoires

 

En conclusion

Si peu de monde conteste la nécessité de prendre des mesures urgentes pour la gestion du bar, il faut néanmoins faire attention aux effets indésirables que certaines mesures de gestion pourraient entrainer.

Par exemple, côté pêche de loisir et professionnelle, le "high grading" ou écrémage qui consiste à rejeter les individus les plus petits pour ne conserver que les plus gros est à craindre.

Côté pêche professionnelle, un report de l'effort de pêche de la manche vers le golfe de Gascogne est lui aussi inéluctable. C'est d'ailleurs ce qui s'était passé à partir de 2005 avec le moratoire de la pêche de l'anchois et le report des chalutiers pélagiques vers le bar en Manche.... pour aboutir maintenant à la situation actuelle sur le bar !!

En ce qui concerne le choix de réglementer uniquement la pêche de loisir et les chalutiers pélagiques, on peut également se demander si c’est une mesure pertinente.

D’autres engins de pêche ont un impact notable sur la ressource en bar. La senne danoise, avec un faible nombre de bateaux, représentait en 2012 6% des captures de bar en France. Les fileyeurs et les chalutiers de fond représentent également une proportion très importante de la capture totale de bar (plus de 40% !). A la lecture de ce texte, rien n’empêche, en théorie, d’autres métiers de capturer du bar en période de frai dans la zone VIIe.

En première analyse, on se demande véritablement la pertinence d’un tel texte. La question du bar aurait sans aucun doute due être traitée dans son ensemble :

  • - Toutes zones confondues, des eaux ibériques à la Mer du Nord

  • - Tous métiers confondus

Cela suffira-t-il pour respecter l’objectif de la nouvelle Politique Commune des Pêches d’atteinte du Rendement Maximum Durable pour le bar ? On peut se permettre d’en douter.